Arrivée d'Aliénore

Sa Grand-Mère avait promis, et la petite fille avait retenu : dans quelques jours, heures, minutes, dans quelques instants Blanche verrait arriver Grand-Maman au loin, chevauchant entre les verts pâturages et les aires boisées. Depuis l'annonce de sa venue, la petite ne cessait de scruter l'horizon à la recherche d'une tâche sombre, petit point qui rapprocherait son aïeule du château ducal. Mais seuls les fermiers qui rapportaient le fruit de leur labeur à son pôpa d'amour soulevaient des volutes de poussières au passage de leurs lourds bovins.
Cela commençait à être fort long, d'ailleurs. "J'arrive bientôt", lui avait indiqué sa Mamie. Pour Blanche, bientôt signifiant l'immédiateté, cette attente devenait insoutenable. Heureusement que Gaude, éternel soutien lorsque une des filles du duc se trouvait triste, arrivait à décrisper ce visage inquiet et à lui faire esquisser un sourire.

Gaude, ma chère Gaude, ne vois-tu rien venir ? demanda pour une énième fois la pestiote blonde.

Je ne vois que le soleil qui flam... Attendez, Damoiselle, il y a quelque chose !

A moitié excitée, à moitié convaincue que le chose en question devait être une tripotée de canards ou un troupeau broutant au loin, Blanche se leva en rechignant, maudissant la langueur Grand-Maternelle.
Mais là, effectivement, il y avait quelque chose. Plissant les yeux, s'abritant du soleil de ce printemps, elle reconnut le visage tant familier et se mit à sauter de joie. Enfin, enfin !!!

Elle dévala escaliers, franchit corridors et couloirs, poussa porte et tentures, et arriva enfin près de la porte.

Même si mon corps et mes gestes ne l'exprimaient pas, cette escapade me ferait sans nul doute le plus grand bien. Bientôt un mois que je passais mon temps entre le château et le bureau de maire. Encore que, un petit coin de ma tête y planchait encore... je tentais de le dissimuler mais à peine perdue, je suppose.
Aliéniore était resplendissante, ma présence la rendait débordante d'énergie pour une heure si matinale. Je lui devais bien ça !!!!

- Nous y sommes presque! je le sens .. elles ne sont plus loin.

Sa voix me faisait sortir de ma torpeur. Je ne pouvais lui répondre ayant à peine entendu ses paroles. - Hé, tu as dit quoi ?? Ne te sauve passss Avant que je puisse faire quoique se soit, elle me démontrait toute sa dextérité et son expérience sur une monture.
Nous étions arrivés, le château était en vu. Je décidais de laisser les affaires courantes derrière moi et de profiter ce moment entre nous, loin des regards habituels.

Je faisais de même, lançant mon destrier au galop....la rattraper était impossible mais le plaisir du frottement de l'air sur mon visage était suffisant à ma bonne humeur. Je lui souriais devant sa mine enjouée d'un "je suis arrivée la première"

- Tu crois qu'elle se souvient que je lui ai dit que nous viendrions?

- Oh oui, ma Douce. Un mioche n'oublie jamais surtout que la seule fois où je l'ai rencontré sur le parvis de la primatiale, elle semblait vraiment heureuse de te retrouver. Je dirais même plus que son attente a du être immense.

J'attrapais l'encolure de sa monture pour me rapprocher. Ainsi je me penchais pour lui chuchoter.

- Trugarez de m'avoir amener ici mais j'aurais juste une requête. Tentes de ne jamais me laisser seul, je ne connais personne ici et surtout avec ta petite fille...les enfants ça me stressent !!!

A chaque fois qu'il s'approchait ainsi elle ne pouvait empêcher son coeur de battre un peu plus fort mais c'est le regard pétillant faisant fi de son trouble qu'elle le taquina gentiment en lui promettant de chaleureux têtes à têtes avec les petites...

Elle allait faire avancer son cheval sur le Pont Levis pour entrer dans la grande cours quand elle entendit un grand cri d'une voix tant attendue.

Grand Mère !!!!

Alié tourna alors son regard vers sa petiote qui arrivait au grand galop pas du tout règlementaire pour une mini duduche. Alié lançant un regard pétillant de joie à Milouse avant de descendre de son cheval à vive allure et de se préparer à réceptionner la blanche tornade.

Caracolant vers sa Grand-Mère la plus parfaite de toutes les Grand-Mères du monde, Blanche se fit un plaisir tout particulier en sautant majestueusement dans les bras affectueux qu'on lui tendait. Heureuse plus que jamais de revoir Aliénore, la petite fille ne sait par où commencer et bredouille deux trois phrases incompréhensibles dues à l'émotion.

Tu m'as manqué, Mamie Alié ! J'ai cru que jamais tu voulais reviendre chez nous !

Un nouveau câlin, une tête enfantine qui se glisse tout près de sa grand-mère, éternellement attirée par des bisous qui se présagent à l'horizon. Puis la tête décoiffée se redresse et remarque le monsieur qui se tient à coté de la magnificence grand-maternelle.

Une petite voix dans sa tête qui cherche à reconnaître des traits familiers, à apposer un nom sur ce visage moins inconnu qu'il n'y paraîtrait. Elle l'a deja vu, oui mais où ?
La cathédrale, une fois.
Un nom bizarre, en "ouse".
Même qu'il lui a défait sa coiffure lors de leur première rencontre.
Mais affectueusement, hein, affectueusement !
Un nom du sud, surement.
En tous cas ça ressemble drolement à la ville près de laquelle sa maman et elle sont allée. Toulouse, même qu'elle s'appelle.

Elle se detache temporairement de sa mamie chérie dont elle a juré de ne point se séparer jusqu'à "vachement très beaucoup longtemps", et salue un messire en "ouse" qu'elle connait presque-un peu.

Demat Messire.... schroniuahromi-ouse que je sais plus trop comment tu t'appelles. Tu es viendus accompagner ma mamie pour me voir, dis ?

Bah oui, elle y dit "tu". C'est bien connu que les petites filles disent tu aux personnes leur massacrant leur parfaite chevelure dorée....^^

Tout juste le temps d'échanger mot que nous étions interrompus par une petite voix venant dans notre direction.
Voix caractéristique d'une fillette de son âge. Stridente à souhait et pas avare sur les minaudements pour attendrir son entourage. Manquait plus que le battement de cil et je risquais de sourire....
Don naturel de par son rang, je me posais allègrement la question.

En tout état de cause, l'effusion de tendresse et le plaisir des retrouvailles étaient bien réels et partagés. Le doute n'était pas permis et leur communion faisait plaisir à voir. Je souriais à Aliéniore quand nos regards avaient la chance de pouvoir se croiser...ce minuscule ver n'en finissait pas de vouloir la bisouter.

Puis vint mon tour. D'un petit bond, elle se dressa face à moi tout en prenant soin de faire barrage entre sa mamie et moi. Très mignon de sa part. Enfin, le plus beau était à venir !!!
Je restais bouché-bée à la tentative de mon nom.
Je pliais genou pour être à son niveau.

- Demat Blanche, tu vois je te connais mieux que tu me connais. Je m'appelle Milouse et oui j'accompagne ta grand-mère qui commençait à perdre patience de ne pas venir te voir. Je l'admets en grande partie à cause moi. J'espère que tu ne m'en tiendras pas rigueur.

Tout sourire, je lui tendais la main.

- Tu m'autorises ta main pour me faire rentrer chez toi ??

Elle hésite, fortement tentée d'abattre son courroux légendaire sur l'homme qui confesse son crime devant elle. Ainsi donc, cet individu a osé empêcher son illustre mamie de lui rendre visite ? Quel outrageux personnage, grotesque criminel, cruel...

Ce n'est pas grave du tout. Du moment que Grand-Mère est là, maintenant.... susurre t'elle en serrant amoureusement le bras d'Aliénore. Elle ment un peu, beaucoup. Mais bon voilà, la bienséance l'empêche d'écarteler l'individu sur place.
Quelques sourires plus tard, et la gamine est totalement charmée. S'il lui offrait un présent, elle lui jurerait une fidélité éternelle, et une affection sincère. En tous cas, il est moins antipathique qu'il ne cherche à paraitre.

Elle saisit la main qu'on lui tend en guise de réponse. Parfois les gestes valent mieux que les mots.

Alié réceptionne sa tornade blanche et l'embrasse tout partout sur les joues , les yeux, la sert fort fort contre elle.. et enfin la relache un peu pour la laisser respirer et la regarder mieux.

Tu m'as manqué, Mamie Alié ! J'ai cru que jamais tu voulais reviendre chez nous !


Joie des retrouvailles, elle a grandi, changé.. elle a un je ne sais quoi qui fait totalement craquer sa Grand Mère. Echange rapide de mot de bonheur et de tendresse , la petiote se tourna vers Milouse et Alié écouta en se retenant de pouffer en entendant le nom affublé à son double par sa fillote.

Alié les regardait tout les deux et ne pouvait s'empêcher de sourire béatement devant le spectacle qui s'offrait à elle.

Blanche fit glisser la main qui lui enserrait le bras avec une force étonnante chez ce petit bout de femme , pour parvenir à sa main. Elle se plaça ainsi entre eux deux , une main dans chacune des leurs, un trait d'union blondinet ...

Les chevaux et le chargement furent pris en charge par des gardes et la troupe se dirigea vers la grande cours du castel.

Tes parents sont présents ma fillote? tu sais que j'ai complètement oublié de les faire prévenir de notre arrivée .. crois tu qu'ils en seront fâchés ?

Citation :

Tes parents sont présents ma fillote? tu sais que j'ai complètement oublié de les faire prévenir de notre arrivée .. crois tu qu'ils en seront fâchés ?

Fâchés ? Ils sont jamais fâchés, papa et maman ! A part quand je fais des bêtises, ou que Hubert il fait pipi partout. Même que une fois la cuisine elle était fermée et que il était dedans et que il a mangé la soupe, même. Mais moi j'étais contente, parce que la soupe, ben c'est pas bon, d'abord.

Conquise par la joie de sa grand-mère et l'entrain certain de son compagnon de voyage, la petite s'amusa à sauter le plus loin possible, se tenant aux deux bras de ses protecteurs.

Vous me faites faire l'oiseau, tous les deux ? C'est vachement rigolo de jouer à l'oiseau !

Et la petite de se préparer à s'envoler, bien décidée à profiter au maximum de ce séjour d'Aliénore chez elle. Faut dire qu'elle ne la voit pas souvent, sa grand-mère... Mais c'est normal, Maman elle a dit que Mamie était occupée avec les arbres, parce que ben elle est druide, d'abord, et que même les druides ils disent des trucs bizarre et parlent aux pierres.


Edit pour changer un léger détail : J'avais d'abord écrit "avion" à la place de "oiseau". Léger problème de concordance avec l'époque.

Alié souriait de les voir tous les deux ainsi. Les enfants quelque soit leur âge s'adaptait l'un à l'autre avec une rapidité toujours étonnate..

Sa fillotte voletait en poussant des cris de joie et ainsi ils arrivèrent au milieu de la grande cour. Alié s'arrêta et suspendit le geste de relancer la petite.

C'est vrai ça .. où donc nous emmènes tu ainsi, ma belle?

Étonnée par la question, la petiote au sourire d'ange leur lança un regard interrogateur. Ben au château, quelle question ! Il trônait, monumental, magnifique, assez grand pour qu'on le crut éternel, assez imposant pour qu'on reste bouche-bée à le contempler.

Ben à la maison ! dit la petite en rigolant. Z'en avait de drôles, des questions, les adultes... L'était pas assez grosse leur maison ?

Elle se mit à énumérer, pleine d'entrain, toutes les activités qu'elle avait prévues de faire avec Aliénore -et 'louse, évidemment-, et sa petite voix aigüe commença à se perdre dans le murmure du vent.

...et ensuite on fera une balade à cheval, et pis on mangera des crêpes, et on ira au bord de la mer, et on fera de la couture, et tu m'apprendras plein de choses, aussi, et....
...pis ensuite tu me liras une histoire, et on ira voir à la ville, et on ira dans la foret, et...

Alié éclata de rire en entendant le programme qui les attendaient son blondinet et elle.

Fort bien ma Gwenn. Nous ferons tout cela .. mais avant tout chose, penses tu qu'il soit possible de nous conduire à notre chambre pour que je puisse me débarrasser de la poussière des chemins et être présentable avant d'aller saluer ton père et ma chère fille?

[J'ai demandé à ljd Lulu de vous ouvrir à tous les deux. Je post quand j'ai plus de temps. Mille excuses]

[Ouvert!]